20 Février 2017

Quelle sera l’employabilité de François Hollande au 8 mai 2017 ?

Le Président de la république terminera sa mission après les élections prochaines. Quelles influences ces années d’exercice auront-elles sur sa carrière future ? Quel parcours professionnel peut-on espérer après avoir dirigé la France pendant 5 ans ? Comment gérer son « référencement » au sortir d’une telle mission ? Quel employeur recrute un président de la république ?? focus sur une reconversion annoncée …

Président de conseil ou de fondation ?

François Hollande gouverne depuis le 15 mai 2012. Il a annoncé en décembre 2016, ne pas vouloir se représenter aux prochaines élections. Cette déclaration n’excluant pas pour autant sa participation à la vie politique française… quelles sont les options professionnelles à sa disposition : réorientation, reconversion, poursuite de sa mission à l’internationale, … ?

Si l’on en croit ses Tweets, François Hollande songerait à créer une fondation

Pour l’instant, La France s’engage est un label récompensant les projets innovants au service de la société : éducation, solidarité, citoyenneté, santé, etc.

Le Parisien avance un autre élément. Selon lui, François Hollande viserait le poste de président du Conseil européen. Il est vrai que ce poste est occupé par Donald Tusk qui doit quitter ses fonctions… au mois de mai, lui aussi.

Diriger le Conseil européen ou créer une fondation peuvent être des actions cohérentes, permettant de valider des succès et surtout de capitaliser sur sa forte notoriété internationale au détriment de celle de ces derniers mois dans son propre pays... Voyons ce qu’il en est.

 

Quand les diplômes soutiennent des réussites

François Hollande est diplômé de Sciences-Po, HEC et l’ENA. Ultra diplômé donc, même si son profil reste atypique. Beaucoup d’hommes politiques sortent de Sciences-Po Paris mais peu sont passés par HEC. C’est pourquoi en 2012, Le Monde titrait : « HEC a son premier président de la République ».

Avant d’être président, François Hollande a été magistrat à la Cour des comptes et brièvement avocat. Sa trajectoire politique est brillante : premier secrétaire du Parti socialiste de 1997 à 2008, Président du conseil général de la Corrèze de 2008 à 2012, il a remporté l'élection présidentielle de 2012 avec 51,64 % des voix face au président sortant, Nicolas Sarkozy.

Sachant que le rôle du président du Conseil européen et de « présider et conduire les travaux du Conseil européen et de représenter l'Union européenne dans le monde », occuper un tel rôle permettrait effectivement à notre candidat (très) diplômé, de poursuivre sa trajectoire. Il pourrait ainsi valider ses succès internationaux (traité transatlantique, COP21).

La création d’une fondation dédiée à l’innovation sociale lui permettrait, quant à elle, de valider certaines avancées sociales (dont le mariage pour tous, avancée probablement majeure sur le plan sociétal).

Si ces candidatures semblent pertinentes au regard des diplômes obtenus et fonctions exercées, posons-nous la question des freins possibles…

 

Dans une carrière, les succès peuvent-ils faire oublier les échecs ? Faut-il omettre d’en parler ?

Certains sujets mal ou non traités pèsent lourd dans la balance de cette candidature. C’est le cas avec le projet El Khomri, le pacte de responsabilité et le CICE ainsi qu’avec la déchéance de nationalité.

Du côté du bilan global, c’est un désastre avec un déficit commercial s’aggravant d’année en année. Pour 2016, il dépasse les 48 milliards d'euros (alors que la même année,  l'Allemagne a un excédent commercial de 252,6 milliards d'euros !). Durant la présidence, le total des déficits du commerce extérieur atteint 281 milliards d'euros. Les dépenses publiques ont continué de progresser du fait de la hausse de la masse salariale dans la fonction publique. Enfin, la Cour des Comptes dénonce une surestimation des recettes et une sous-budgétisation des dépenses 2017.

Autant de projets mal ficelés, inaboutis ou inefficaces et de mauvais résultats ne peuvent être défendus lors d’un recrutement. Surtout que pour couronner le tout, l’homme est traité d’ « indécis », de « vague » et d’ « incertain » par ceux qui analysent sa politique. Autant de savoir-être inadaptés à une candidature…

Dans un tel contexte, une présidence du Conseil européen pourrait probablement faire oublier des échecs de politique intérieure. La création d’une fondation, elle, permettrait de tourner le dos aux échecs de gestion et de politique extérieure. Encore faudrait-il qu’une grosse vie médiatique lui en laisse la possibilité…

 

Un candidat peut-il exposer sa vie dans les médias et sur les réseaux ? Qu’elles sont les répercussions sur sa future employabilité ?

En 2010, François Hollande officialise sa relation avec Valérie Trierweiler. En apprenant que cette relation existait depuis le milieu des années 2000, tout le monde comprend que François Hollande a eu deux compagnes pendant 5 ans : Ségolène Royal et Valérie Trierweiler. Pas très glamour !

En 2014, rebolote ! On apprend grâce à des photos, que François Hollande est en couple avec l’actrice Julie Gayet. Cette information est reprise par les médias mais aussi la presse internationale. Chouette ! Le 25 janvier 2014, François Hollande annonce « la fin de sa vie commune » avec Valérie Trierweiler. Pas plus glamour !

La vie personnelle d’un candidat ne regarde que lui et il ne peut être pénalisé sur ses croyances, sa situation familiale et sa vie de couple. La discrétion reste pourtant un must et en aucun cas, sa vie personnelle ne doit prendre le pas sur sa vie professionnelle, que ce soit sur les réseaux sociaux ou dans les médias. Dans le cas de François Hollande, la médiatisation de ces éléments personnels a fragilisé son image.

Enfin, un livre étonnant en forme d’aveu, vient couronner le tout « Un président ne devrait pas dire ça ».  La presse dit de cet ouvrage qu’il s’agit d’un « suicide politique ». Dans un emballement médiatique et public unanimes, le Président annonce qu’il ne se présentera pas aux élections de mai 2017. Internationaux ou pas, tous les projets ultérieurs du Président semblent compromis dans leur succès.

Voici donc un bel exemple de diplômes, compétences et parcours remarquables, ruinés par des erreurs, des savoir-être inadaptés et une forte exposition médiatique, des choix et des décisions pas toujours pertinent… Le tout remettant en cause toute l’employabilité potentielle de celui qui occupa les plus hautes fonctions de l’état….


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